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Georges Chamak - Un cauchemar en Tunisie

Georges Chamak - Un cauchemar en Tunisie
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8 juillet 2012

GEORGES CHAMAK __________ Un cauchemar en Tunisie

GEORGES CHAMAK

__________ Un cauchemar en Tunisie __________

En 1942, sous le soleil du port de Sousse, un homme courageux joue son avenir dans une usine de sardines, entre travail et amour… !

1-1 M. Georges Chamak.

Nous avons commencé l’entretien avec M. Chamak, il nous a d’abord raconté l’histoire de ses parents. Son père est né à Constantine, en Algérie. Il a fait la guerre de 14-18. Son frère est mort à la guerre. La mère de M. Georges Chamak est également née en Algérie.

2-1 Les parents de Georges Chamak en tenue typique des juifs de Constantine.

Comme son père avait un très bon souvenir de la Tunisie et qu’il devait participer à la construction de la ligne de chemin de fer, il convainquit sa femme de venir y habiter avec lui, à Sousse. A Sousse existait déjà une minorité de juifs algériens ayant construit une très belle synagogue de marbre blanc. Ils ont eu un garçon qui est mort suite à une maladie, puis deux filles.

7-1 Joseph le père de M. Chamak dans le régiment des Zouaves de Constantine.

Georges Chamak est né en 1926 et deux autres frères sont ensuite nés. Sa famille était traditionaliste, elle faisait chabbat et les fêtes juives. M. Chamak était très proche de sa famille, il allait rendre visite, pendant ses temps libres, à des grands-parents qui vivaient à Constantine. Son père étant cheminot, les voyages étaient gratuits.

3-1 Photo de classe 1935 / 1936 avec l’instituteur M. Bertin.

8-1 La bar Mitsvah de Georges en 1939.

En primaire, il était dans une classe d’une cinquantaine d’élèves âgés de 5 à 12 ans, de toutes confessions. Ils travaillaient par groupes d’âges. Plusieurs religions de côtoyaient : des juifs, des musulmans, des chrétiens. C’était un garçon turbulent. Au collège, il étudia, en deuxième et troisième langue, l’arabe et l’italien. Il prenait également des cours de Talmud Torah et s’il ne savait pas bien lire, on lui tapait sur la plante des pieds. Au lycée, devenu lycée Maréchal Pétain, il suivit un cursus spécial, l’école normale ayant été supprimée par le régime de Vichy. Ils écoutaient la radio tous les jours et entendaient les horreurs commises envers les juifs, ils avaient peur. En 1942, les allemands arrivèrent en Tunisie. « Les juifs doivent rendre leur poste de radio sous peine de mort », « les juifs doivent rendre leur bicyclette sous peine de mort » tels sont les mots qu’on assenait à Sousse.

4-1 5-1 Carte du collège Pétain.

Georges Chamak fut réquisitionné pour le travail forcé, dans une usine, commandée par les Allemands, où il fallait mettre les sardines en boites.

Un jour il décida de faire sa petite vengeance personnelle : « Je me plaçai devant la cuve pleine de sardines, j’ouvris ma braguette et je commençais à uriner », il se sauva de peur d’être arrêté. A ce moment, M. Chamak n’avait que 16 ans. Les allemands arrivèrent à Hammam Sousse, petit village arabe où des familles s’étaient réfugiées, fuyant Sousse déjà ravagée. Il se souvient de leurs mots : « demain il nous faut 50 hommes de plus de 18 ans pour venir travailler dans les camps de travail, sous peine de mort ».

Comme M. Chamak n’avait que 16 ans, il ne devait pas y aller. En rentrant chez lui, il vit un vieil homme, d’une cinquantaine d’années, pleurer. Il lui demanda ce qui n’allait pas, l’homme lui répondit qu’il avait été choisi pour aller aux camps de travail alors qu’il avait une famille à nourrir et des enfants à élever. M. Chamak décida de prendre sa place. Le lendemain, il partit avec son cousin sur le port de Sousse pour reboucher les trous faits par les bombes des avions américains. Ils ne mangeaient qu’une tranche de pain par jour et ils étaient vêtus d’un short et d’un petit haut. Les Allemands ne se doutaient pas qu’il n’avait que 16 ans mais les juifs le savaient, c’était devenu le protégé, celui qui ne devait pas mourir !

Quelques juifs moururent de faim ou furent tués par les bombes car ils ne pouvaient pas se protéger des bombes qui tombaient sur le port. Il se sauva avec son cousin avant la fin de l’occupation allemande et ensemble ils arrivèrent sur un campement américain. Les soldats leur donnèrent à manger. Georges Chamak rentra à Sousse où il retrouva toute sa famille mais sa maison avait été pillée. Il entra dans l’aviation après avoir épousé sa voisine qu’il aimait depuis son plus jeune âge, il avait 27 ans et elle 22. Ils se marièrent selon les traditions. Il finit l’armée.

9-1 Niamey, Niger 1976 avec les élèves météorologistes.

Les juifs n’ayant plus d’avenir sûr, M. Chamak ne savait plus quoi faire. Lors de sa démobilisation, M. Chamak cherchant sa voie rencontra un directeur de la Météorologie qui lui proposa d’y faire carrière ; ce qu’il fit aussi bien à la Météorologie nationale que dans d’autres organismes. Après la mort de son père il ne retourna plus jamais en Tunisie. En 1959, il s’installa en France avec sa famille sans pour autant oublier toutes ses souffrances endurées. Il nous dit que pendant ces mois de travaux forcés il avait été matraqué à l’épaule droite, sans aucune raison. Il nous dit aussi : « cela fait près de 70 ans, mais la blessure est restée intacte ».

10-1 Les trois filles de M. Chamak : Evelyne, Nadine et Patricia.

Dans ce témoignage, on voit toute la souffrance endurée par ces juifs de Tunisie dont souvent on ignore l’histoire. Nous voyons toute l’amertume qu’ils éprouvent envers les gens qui ont fait cela et la reconnaissance pour ceux qui les ont sauvés.

Maud Majersdorf-Sotto, Mathan Elbaz et Yael Mechaly.

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